J'ai rencontré Boualem Sansal à Toulouse, quelques jours après la sortie de son livre "Le village de l'allemand". C'était en 2009. Aucun média ne s'était alors intéressé à ce récit politiquement incorrect. Dans l'entretien qu'il m'accorda on revient sur l'histoire de deux frères nés de mère algérienne et de père allemand. Elevés par un vieil oncle immigré dans une cité de la banlieue parisienne, tandis que leurs parents restaient dans leur village d'Aïn Deb, près de Sétif. En 1994, le GIA massacre une partie de la population du bourg. Pour les deux fils, le deuil va se doubler d'une douleur bien plus atroce : la révélation de ce que fut leur père, cet Allemand au passé nazi qui jouissait du titre prestigieux de moudjahid et qui mit tout son savoir faire de tortionnaire au service du FLN.